Nous avons retrouvé un texte lumineux (1) du bon vieux temps où nous ne nous intéressions qu’aux dimensions socioculturelles du narguilé avant de sombrer dans la critique quotidienne de la Raison pseudo-scientifique visant à défigurer l’objet.
"L’entrée dans le nouveau siècle se fait sous l’empire de l’efficacité, de la performance et de la logique financière et consumériste. La machine techno-économique tend, dans une démarche totalisante, à tout absorber - y compris la culture - , à imposer ses codes, ses signes et ses langages, à façonner les imaginaires individuels et collectifs, à mobiliser les intelligences et les sensibilités, et à conquérir corps et esprits pour mieux les embaucher et les débaucher à sa guise. Il s’agit d’une machine vorace, qui déborde les domaines de l’économique et du technique".
« Face à cette invasion, il est temps de redonner un contenu vigoureux à la notion de culture dans, au moins, cinq de ses dimensions:
- apprentissage et exercice de la pensée critique, ainsi que de la raison émancipatrice, celle qui effectue un travail permanent sur les certitudes hâtives, sur les idées reçues, sur le prêt-à-penser et le prêt-à-croire servis par les gourous du moment [OBSERVATOIRE: ce qui est notre objet!];
- création de supports symboliques (langage, œuvres d’art) où s’exercent l’imaginaire, la sensation, la sensibilité, l’émotion, la passion ; avec toujours en visée une interprétation du monde, de la vie, de la mort, du passé, aux fins de constituer une représentation aussi cohérente que possible du temps et de l’espace [OBSERVATOIRE: ce qui relève de la nature de l’objet (matériel et immatériel) lui-même!];
- acquisition et échange des savoirs (donc de quelque chose qui a rapport au vrai, à la recherche de vérité) comme expérience humaine accumulée [OBSERVATOIRE: ce qui est notre objet et relève de la nature de l’objet (matériel et immatériel) lui-même!];
- rapport à l’autre, au différent, au divers ; communication (au sens de mise en commun), de construction permanente de soi, par et avec l’autre, mais aussi face à cet autre [OBSERVATOIRE: idem!];
- rapport au beau, qui est l’expression d’une subjectivité (d’un sujet suffisamment libre pour se livrer à un jugement, à un plaisir, à une conscience), en même temps que tension vers un universel. Le beau comme réinvention permanente du rapport entre le sensible et l’intelligible [OBSERVATOIRE: ce qui relève de la nature de l’objet (matériel et immatériel) lui-même!]»
"Investir, détourner, résister : trois verbes actifs dont les sujets sont ici critique et création. Critique ? Le mot doit
être pris au sens d’une analyse des discours et des pratiques, y compris des usages de la raison, en particulier lorsque celle-ci se fait technicienne et instrumentale […] En bref, l’espoir que se compose une nouvelle figure du monde ne partant pas d’un point de vue techno-logique.
Et c’est dans cet ébranlement que joue (et se joue) la création artistique. N’est-elle pas, en effet, annonciatrice et pourvoyeuse d’objets uniques, originaux, en rupture avec la tradition ? [OBSERVATOIRE: l’analyse socio-anthropologique a tôt relevé les « paires opposées » que véhicule l’objet (matériel et immatériel). Il est donc traditionnel et révolutionnaire à la fois!] D’objets qui font se lever de nouveaux horizons et qui, ainsi, prennent part à la création du monde des hommes ? [OBSERVATOIRE : les promesses de la liberté !] […] Avec, bien entendu, la recherche scientifique, si elle veut bien se souvenir que sa vocation première n’est pas de se placer au service de l’économisme ou de s’ériger en morale, mais d’apporter des connaissances nouvelles, de les partager et de développer l’une des voies vers la recherche du vrai. Soutien à la création dans toute sa diversité, tel serait le premier fondement.
« La seconde idée fondatrice serait de prendre la culture comme facteur de rapprochement entre les êtres humains, en visée d’égalité, de fraternité, de compréhension mutuelle, et donc comme instrument de lutte contre le repli ethnique, le repli sur soi, le rejet de l’autre, la ségrégation sociale, la discrimination. » [OBSERVATOIRE: l’analyse socio-anthropologique a tôt relevé l’égalitarisme (social, sexuel, religieux, intergénérationnel) du narguilé]
« Ce ne sont ni le Coca-Cola, ni les jeans, ni Nike, ni Microsoft [OBSERVATOIRE: les fondateurs transatlantiques du site The Sacred Narghile sont récemment tombés d’accord entre eux pour dire aussi : "ni Facebook" !], ni même Internet et les réseaux d’ondes et de satellites arroseurs d’images et de sons qui parviendront à inverser le courant, mais bien notre capacité à coudoyer l’autre [OBSERVATOIRE : n’oubliez jamais le rite multi-centenaire qui consiste à faire circuler le tuyau, et toujours vers la droite ! Ne fumez jamais (ou pas trop souvent..) tout seuls !], à nous ouvrir à lui, à le reconnaître comme une part de nous-même. »
Fait avec Kamal à Paris, automne 2010.
Notes bibliographiques : Le titre de ce commentaire en hommage à Roger Lesgards constitue aussi un clin d’œil au livre d’Olivier Revault d’Allones et aux «immigrés» Grecs, chantres de la culture Rebetiko (Rembetika). Ils furent les premiers à chanter le narguilé et sa convivialité unique (non pas la « dépendance à la nicotine », les tonnes d'hydrocarbures cancérigènes qu'il produirait ou encore la tuberculose et autres virus porcins ou aviaires qu’il transmettrait...). Revault d’Allones Olivier : L’art contre la société: une culture dominée - Le Rébétiko in La Création Artistique et les Promesses de la Liberté, Paris, Klinsieck, 1973, pp. 144-178..
Pour les détails, voir les livres (1997, 2002) sur le narguilé ou la thèse doctorale correspondante.
Attention : Vous n'êtes pas sur la page d'accueil de l'Observatoire Narguilé OU Santé (Chicha OU santé, Narghilé OU santé, Shisha OU santé)(Cancer, nicotine, goudrons, monoxyde de carbone, etc.). Cliquez ICI pour y retourner.
No comments:
Post a Comment